Ville de Prime-tenure, Île d'Auridia, Archipel de l'Automne
Le 26 Primétoile 2E 582, aux environs de Midi
Dans le plus pur style altmer, l'établissement de l'aubergiste était construit de la manière la plus raffinée qui soit. Toutes les surfaces avaient été calculées pour être le plus parfaitement perpendiculaires ou parallèles les unes aux autres, et chaque angle avait été réalisé avec le plus grand soin. Des fenêtres élégantes éclairaient la pièce, durant la journée, tandis que le grand lustre en cristaux magiques se chargeait d'apporter de la lumière à la grande salle, lorsque venait l'obscurité. Les couleurs étaient sobres, l'endroit élégant et agréable, et nul n'aurait pu trouver à y redire.
L'homme-chat non plus, semble-t-il, puisqu'il lui avait commandé une chambre pour quelques jours, ayant semble-t-il quelques affaires à régler dans les environs. L'agent du Thalmor, qui venait souvent prendre ses repas dans son établissement à midi, avait été discrètement sollicité pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas là d'un baroudeur clandestin comptant payer son séjour à l'aide de quelques larcins. Le propriétaire apprit ainsi que l'homme-bête était arrivé par voie maritime, tôt ce matin-là, et qu'il avait été mandaté par le Domaine. Sa mission était, d'après lui, directement orchestrée par le Thalmor, et ne devait donc pas être entravée.
Accepter la solde du chat devint donc moins difficile, et le problème fut en quelque sorte réglé. Le tenancier regarda, tout vérifiant la véracité des pièces d'or, son nouvel hôte commencer à monter l'escalier pour atteindre sa chambre. Il trouva assez étonnant que, malgré l'armure assez épaisse qui le couvrait, le félin ne fasse guère de ces bruits cliquetants habituels accompagnant les porteurs d'armures lourdes. Il trouva cependant qu'avec leur style ridicule, et sa face difforme d'animal, ces khajiits n'avaient décidément rien à faire chez lui, et pria pour qu'il ne laisse pas des poils partout.
Quelle affaire, se fit remarquer Cley'am, tout en rangeant avec soin son sucrelune sur l'étagère de sa chambre. A chaque fois qu'il devait aller quelque part sur l'Archipel, c'était la même histoire. Heureusement que cette fois-ci, il était protégé par ce contrat de mercenaire, sinon quoi il serait encore sur les quais à essayer de raisonner les douaniers du Thalmor pour ne pas se retrouver en geôles pour trafic présumé de skooma. Il fallait dire que dans la catégorie des délits de sale gueule, les khajiits comme lui remportaient la palme, et il ne s'en étonnait plus depuis longtemps. Reprenant un certain optimisme, il se dit que, après tout, cela n'avait guère d'importance, et ponctua sa pensée en se préparant une sucrerie.
Quand il eut satisfait sa faim, il entreprit de retirer le plus gros de son armure d'acier, fabriquée dans le plus pur style khajiit, certes, mais peu pratique malgré tout pour se promener en ville. Et une promenade, il avait à en faire une, justement. Il ne venait pas se dorer la pilule chez les altmers pour le plaisir, bien qu'il fallait admettre que le coin ne manquait pas d'attraits. Il devait retrouver un autre contact du Thalmor à la grande place de la ville, avec il pourrait alors enfin ouvrir ce mystérieux document dont on lui avait fait part, scellé par un verrou magique. Il avait lui-même la moitié du mot de passe, et son contact devait en posséder la seconde partie.
Il trouvait étonnant de faire autant d'histoires pour une mission qui, semble-t-il, n'allait guère être différente de ce qu'il avait déjà fait jusqu'à présent. Néanmoins, il avait cessé depuis un moment de se poser des questions, d'autant plus quand il avait vu la paie pour la mission. Il se retrouva sous peu torse nu, et fouilla dans un de ses sacs pour en tirer un buddi un peu chiffonné, qui ferait l'affaire. Il trouva également une légère côte de maille, qu'il enfila par dessous celui-ci, par simple précaution. Il s'observa dans le miroir de bronze poli qui était rivé au mur de la pièce, et lorsqu'il se fut assuré d'avoir l'air d'un civil totalement détendu, hocha du chef pour lui-même.
Il fixa ensuite à ses poignets des brassards de cuir stylisés, sur lesquels des gravures du Ja-kha'jay étaient visibles. Dans la doublure invisible de ceux-ci, il dissimula un stylet pointu, encore une fois en guise de précaution. Enfin, lorsqu'il s'estima prêt, il sangla sa ceinture à sa taille, par dessus la queue, à laquelle était ceint son sabre, dans un fourreau de cuir dans le même style que ses brassards. Il se saisit de son petit écu rond, qu'il accrocha à un harnais dans son dos, qui venait barrer son torse en diagonale par l'avant. Cela permettait par la même occasion d'empêcher la côte de maille de trop bouger, et donc de passer inaperçue.
Quand il eut fini de mettre de l'ordre dans sa tenue, pouvant passer aux yeux d'autrui pour un voyageur à peine protégé, il acquiesça à nouveau, puis il quitta la pièce. Il n'accorda pas même un regard pour le tavernier, toujours en train de lorgner dans sa direction en se croyant discret, et sortit. Si toutefois on pouvait parler de sortir, lorsque tout autour de soi semblait aussi calculé et précis que la plus somptueuse réception du Mane ! Il ne chercha pas à trop s'attarder sur tous ces détails ridiculement précis de l'architecture altmer qui montraient le contrôle de ces derniers sur l'environnement. Lui qui avait pendant un temps vécu à Val-Boisé ne put s'empêcher cependant de ressentir un vague malaise en regardant tous ces arbres taillés à la perfection.
Il reprit la direction du port, et plus particulièrement d'un débit de boisson de celui-ci, perdu dans l'un des coins les moins « parfaits » de Prime-tenure. Tenu par un bosmer, de ce qu'il avait entendu, l'endroit n'était pas le moins du monde apprécié des autochtones, mais avait une clientèle solide de marchands et autres voyageurs du continent, qui y retrouvaient une ambiance moins pompeuse que partout ailleurs sur l'île. Il ne mit pas bien longtemps à trouver ce qu'il cherchait, bien qu'il ait passé la moitié du trajet à se dandiner en trouvant terriblement étrange la parfaite unicité du sol sous ses pattes. Il entra donc sans cérémonie dans la taverne, en ayant au préalable essayer d'en lire la devanture, rendue illisible par le temps, semble-t-il.
A l'intérieur, il régnait une ambiance festive, qui plut tout de suite au chat. Dans un coin de la salle, sur une estrade, un groupe de musiciens composé exclusivement d'elfes des bois jouaient d'instruments sylvestres, déversant une mélodie joyeuse et entraînante dans la salle, où elle se perdait dans le brouhaha des conversations. Le bâtiment était à moitié rempli par des voyageurs, pour la plupart des marchands, dont aucun n'avait réellement l'air d'être sans le sou. Pourtant, la bonne humeur était de mise, ainsi Cley'am n'eut aucun mal à s'engouffrer dans la masse pour aller se trouver une table libre, après avoir commandé à boire.
Sirotant son breuvage, il se décida dès lors à attendre. Il était le seul khajiit dans la salle, et il savait que son contact était d'origine bosmer. Aussi, ayant déduit de ses informations que le contact en question devait connaître sa propre origine, il se dit que s'il n'était pas en retard, ce dernier viendrait s'adresser à lui. Sinon quoi... Et bien, il avait une solde à peine entamée ! Il n'aurait qu'à descendre quelques chopes en l'attendant !
Dernière édition par Cleyam le Mer 26 Fév - 14:23, édité 4 fois